Metropolitan

«Métropolitan» est en partie le résultat de l’angoisse socio-professionnelle de ceux qui l’ont réalisé. Pour la majorité d’entre nous, c’était la première chance d’accomplir un travail dont nous rêvions depuis longtemps. Il y avait une donnée : un budget délicieusement modeste. Plutôt que de faire le petit film en 16 mm fauché sur un sujet sordide qu’on était en droit d’attendre, mon idée était de filmer l’histoire la plus élégante possible dans le cadre de Manhattan. C’est dans la période qui va de Thanksgiving à Noël que New-York est le plus en beauté et nous avons eu, pour presque rien, un décor d’une valeur de plusieurs milliards. Un autre intérêt visuel résidait dans le fait que les images d’un sujet qui était à priori plus destiné au noir et blanc – des jeunes gens pâles en tenue de soirée dans des décors intérieurs beiges et dorés – devaient être filmées en couleur. Enfin, il y avait l’absence, dans le cinéma américain, de portraits justes de la «haute société» traditionnelle. Comme beaucoup de ses membres détestent en fait l’idée d’appartenir à la haute société américaine, je ne fus pas surpris que ce film-ci ait d’abord déclenché des antagonismes plutôt que l’indifférence totale que les idées contenues dans les films inspirent en général. En traitant les personnages avec ironie, j’espère avoir laissé le spectateur libre d’aborder cette comédie avec son propre point de vue. Enfin, je me suis plus intéressé au caractère plein d’humour des personnages plutôt qu’à leur situation sociale. Whit Stillman