Tabataba
J’avais 12 ou 13 ans, l’âge de l’enfant dans le film, quand mon grand-père amena l’un de ses amis à la maison. Cet homme était paralysé et il fallait le porter pour le déplacer. Après le repas, on le mit dans un fauteuil et il nous raconta son histoire. Il était médecin et partisan de l’Indépendance en 1947. Quand l’armée française commença la répression et brûla les villages, il s’enfuit avec sa famille dans la forêt. Ils furent ensuite débusqués de leur cachette par des soldats sénégalais conduits par un officier français. Ceux-ci après avoir massacré sa famille sous ses yeux, le torturèrent et le laissèrent pour mort. Il survécut grâce aux plantes médicinales jusqu’à ce qu’on le retrouve quelques semaines après l’insurrection. Il était devenu hémiplégique. Je n’ai jamais pu oublier cette histoire et j’ai grandi dans la pensée qu’un jour, j’écrirais quelque chose sur le témoignage de cet homme et sur ces événements. Dans ce film, je n’ai pas voulu montrer les massacres (il y eut près de 100.000 morts du fait de la répression mais aussi de la famine et de la maladie) car ils faisaient de toute façon partie de l’histoire de Madagascar. Ce qui me tenait le plus à coeur, c’était l’évocation de cette destruction physique et psychologique des sociétés villageoises, relatée comme cette légende malgache qui raconte que le vent qui traverse la forêt chargé de pollen toxique amène la folie dans les villages où il passe. Tabataba c’est la rumeur… Raymond Rajaonarivelo
Fiche artistique & technique
François Botozandry
Lucien Dakadisi
Philippe Nahoun
Soatody
Soavelo
Scénario
Raymond Rajaonarivelo
Image
Bruno Privat
Son
Jean-Pierre Houel
Montage
Suzanne Koch
Musique
Eddy Louis
Production : Minazara, Antananarivo, Madagascar ; Les Films du Volcan, Paris, France Vente à l'étranger : Les Films du Volcan, Paris, France