Mon amie Pierrette

« Mon amie Pierrette », c’est ce que chacun pourrait voir, entendre ou filmer dans n’importe quelle famille canadienne française lors d’un week end à la campagne. Moment de fin de vacances où il ne se passe rien de spécial sinon, au milieu des valises que l’on fait, des promenades en chaloupes et du craquement des berceuses le soir sur la galerie, le bris sans drame d’un amour d’adolescents. Paul Roux : L’immobilisme de la société québécoise, thème cher à l’auteur de Patricia et Jean-Baptiste, est repris ici, mais sous un angle nouveau. Derrière la caméra, c’est la famille, cellule figée d’une société traditionnaliste, que l’on retrouve cette fois. Par une série de plans fixes décrivant des gestes simples, Lefebvre présente rapidement, mais efficacement, les trois principaux membres d’une famille québécoise (la mère, le père et la fille), de même que l’ami de la jeune fille. (…) Mon amie Pierrette est donc l’histoire d’un conflit de générations puisque s’y affrontent des gens d’âge mûr et des jeunes gens, mais aussi l’histoire d’un conflit culturel où une culture fermée est confrontée à une culture créatrice. Christian Rasselet : Mon amie Pierrette, en plus d’aborder d’une façon neuve les problèmes des amours adolescentes, révèle surtout à l’état pur le conflit qui oppose trois générations : celle des parents (première apparition dans l’oeuvre de Lefebvre de personnages d’un certain âge), dont l’immobilisme et le traditionnalisme en font des êtres malheureusement irrécupérables, celle des enfants encore emprisonnés par l’autorité maternelle mais dont l’amorce d’émancipation est rassurante, et celle de Raoul, un être qui a conquis sa liberté, dont les idées-chocs viennent provoquer le conflit, qui agit comme agitateur, comme révélateur des problèmes, et par là provoque une prise de conscience chez Pierrette comme chez le spectateur.