Les Belles Manieres
L’histoire racontée dans « Les Belles Manières » n’est pas un fait divers singulier, et ne cherche pas à se prendre pour une fable exemplaire. Elle respecte l’autonomie et la couleur particulière de chaque personnage comme elle refuse les charmes de l’anecdotique et les pièges du naturel. La seule ligne autour de laquelle j’ai développé l’intrigue obéit à un sentiment qui s’est imposé au fur et à mesure des progrès du récit. Ce sentiment peut se résumer en quelques questions : à quoi ressemble les rapports qu’un régime libéral entretient avec ceux qui lui sont soumis ? Ont-ils une nature ambig¨J’ai représenté le pouvoir libéral par une belle femme qu’interprète ici Hélène Surgère. Son pouvoir, c’est sa séduction et non ses possibilités répressives devenues invisibles derrière l’image d’un charme constamment opérationnel. Je ne sais pas si cette stratégie du pouvoir est consciente a priori. En ne l’enfermant pas dans un postulat, j’en observe mieux les diverses manifestations : il s’agit d’un pouvoir ouvert, non dogmatique, évoluant avec le mouvement général des m½urs qui agitent l’air que nous respirons. Je souhaite que ces quelques remarques n’apparaissent pas comme un mode d’emploi ou une mise en demeure. C’est en dehors, à côté, dans la marge de ces mots-là que le film commence. Je ne cherche pas à convaincre mais à troubler. À la modernité intimidante d’une orme éclatée, je préfère une mise en place aux contours simples, ne perdant ainsi jamais de vue le mot de Cocteau : « On ferme les yeux des morts avec douceur ; c’est aussi avec douceur qu’il faut ouvrir les yeux des vivants. » Jean-Claude GUIGUET
Fiche artistique & technique
Emmanuel Lemoine
Hélène Surgère
Hervé Duhamel
Martine Simonet
Scénario
Jean-Claude Guiguet
Image
Georges Strouve
Montage
Paul Vecchiali
Production : DIAGONALE