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La Pendaison

Quinzaine 1969 | Long métrage

Nagisa Oshima pose ouvertement la question : « avez-vous déjà vu une exécution ? » Le début du film est totalement didactique et épouse les formes du documentaire. Oshima décrit méticuleusement la chambre de l’exécution, le rituel précédent l’exécution, puis l’exécution elle-même. C’est alors avec surprise que le personnel de la prison et le médecin constatent que le condamné a survécu à l’exécution. A son réveil, R, le condamné, est amnésique. Faut-il le pendre une deuxième fois ? Faut-il attendre que R retrouve la mémoire et prenne conscience de ses crimes pour l’exécuter à nouveau ? R est-il la même personne et mérite-t-il toujours de mourir ?

Cinéaste(s)

Nagisa Oshima

Nagisa Oshima est la figure la plus emblématique de la Nouvelle Vague japonaise née durant les années soixante à la Shochiku. Diplômé en droit et politique en 1954, il est engagé dès la fin de ses études à la Shochiku où il devient assistant réalisateur aux studios d’Ofuna. Il le reste jusqu’en 1959, date à laquelle il est choisi pour tourner un film afin de rajeunir la firme. Alors influencé par le cinéma européen de Godard, Truffaut, Resnais ou Antonioni, et dans la continuité de Passions juvéniles de Ko Nakahira , il tourne donc Une ville d’amour et d’espoir (1959), un petit succès encensé par la critique lui permettant de réaliser un second film. Oshima tourne alors Contes cruel de la jeunesse (1960), qui en reprenant le thème de la révolte de la jeunesse contre la morale établie, fait scandale et remporte un vif succès auprès du public. Ce qui lui permet d’enchaîner sur deux films la même année, La tombe du soleil (1960) et surtout Nuit et brouillard au Japon (1960), une fable politique et polémique à propos du renouvellement du Pacte de Sécurité nippo-américain en 1960 et sur l’échec de la gauche à y mettre un terme. Avec sa mise en scène complexe tout en plan séquence, son aspect ultra théorique et son sujet révolutionnaire, le film est rapidement retiré des écrans et Oshima claque la porte de la Shochiku. A cette époque, le cinéaste a déjà pris position contre le cinéma de ses aînés (Ozu, Mizoguchi) dont il est le plus virulent des critiques de la Nouvelle vague nippone. Par la suite, son cinéma ne cessera donc de rompre avec le classicisme, autant formellement que thématiquement, s’intéressant à des sujets d’actualité ou de société qui auscultent, voire dissèquent le Japon. Oshima s’attaque ainsi à divers tabous moraux tels que le racisme dans Le piège (1961), La pendaison (1968) ou Le retour de trois soûlards (1968) où il critique durement le racisme anti-coréen des Japonais ; l’enfance ou la famille dans Le petit garçon (1969) et La cérémonie (1971), grande fresque où la petite histoire rencontre la grande à travers la vie d’une famille qui synthétise à la fois la tension entre tradition et modernité intensifiée dans l’après-guerre, et la mort des idéologies révolutionnaires qui y sont nées ; et le sexe en général avec Les Plaisirs de la chair (1965), Le journal d’un voleur de Shinjuku (1968), L’Empire des sens (1975), son plus grand succès, Max mon amour (1986), sur la zoophilie, ou enfin Tabou (2000) sur l’homosexualité. Dans sa longue filmographie, hétérogène mais exigeante, toujours critique voire très politique, Oshima a aussi beaucoup tourné durant les années soixante-dix pour la télévision.

Fiche artistique & technique

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