Piccoli Equivoci

Lorsque j’ai vu au théâtre « Piccoli Equivoci », je me suis beaucoup amusé et j’ai été ému comme le reste de la salle. C’était une représentation comme une autre, un jour quelconque avec un vrai public. Ce qui m’a particulièrement touché, c’était la manière dont le public s’identifiait aux personnages de la comédie de Bigagli. Comme s’il s’identifiait complètement aux angoisses, à la mesquinerie, au cynisme, à la passion et aux trahisons des protagonistes. Ce qui, à première vue, pouvait apparaître comme une simple description d’un groupe d’acteurs romains, s’est avéré être beaucoup plus représentatif : une incursion dans le paysage sentimental et professionnel d’une génération qui a « la manie de la névrose » et qui exhibe de manière narcissique son mal de vivre. Non pas pour y remédier, mais pour cultiver ce besoin de se mettre en avant dont elle est la victime. Et si comme dans le cas présent, on parle des acteurs, ce « jeu de vérité » est encore plus explicite et cruel, car protégé par la fiction. Ceux qui jonglent avec les mots ne peuvent cesser de jouer même lorsque les feux de la rampe se sont éteints. Si on ne peut prétendre toujours être la vedette à la scène, il est nécessaire de tout faire pour l’être dans la vie. Ricky Tognazzi