Bilbao
Parmi ses emblèmes, notre société arbore celui du sexe qui parle. Du sexe surpris et interrogé qui, à la fois contraint et loquace, répond de façon inépuisable. Un jour, certain mécanisme assez merveilleux pour se rendre lui-même invisible, l’a capturé. Et en un jeu où le plaisir se mêle à l’involontaire, et le consentement à l’inquisition, il lui fait dire la vérité sur soi et sur les autres.
Masqué dans le discours du sexe, il y a dans le monologue du héros de « Bilbao » un besoin incessant de vérité : à nous de lui arracher la sienne puisqu’il l’ignore ; à lui de nous dire la nôtre puisque dans l’ombre il la possède. La rencontre et l’échange peuvent se produire dans une salle quelconque où le spectateur, enfermé avec un seul jouet, voit se projeter une boîte à surprise (comme celle de l’oriental dans « Belle de Jour ») qui s’appelle « Bilbao »… …
Pour une cinématographie comme celle de l’Espagne, qui sent la sacristie et qui est faite d’imagination de curé et de sensibilité de grenouille de bénitier, sans aucun doute, un film comme « Bilbao » qui sent plus l’encens que la parfum bon marché, peut nous sauver de l’extrême onction jetée sur tant de péchés (et de fusils) nationaux.
Enrique VILA-MATAS
Artistic & technical sheet
Angel Jove
Isabel Pisano
Maria Martin
Scénario
J.J. Bigas Luna
Image
Pedro Aznar
Montage
Anastasi Rinos
Production : FIGARO FILMS / ONA FILMS (Pepon Coromina)